Compte rendu de la rencontre internationale organisée par le Conseil National de la Vanille (CNV) à l’ambassade de Madagascar à Paris le 4 juillet 2022.
Suites du rappel de plusieurs produits Häagen-Dazs pour cause de présences éventuelles de traces de produits de traitement interdits en Europe.
Premier point : Le compte rendu de la rencontre
Le 4 juillet dernier, les autorités malgaches, représentées par son ambassadeur à Paris, Monsieur Olivier Hugues Rija Rajohnson, Madame Rindra Hassimbelo Rabarinirinaarison, ministre de l’Économie et des Finances, Monsieur Edgard Razafindravahy, ministre de l’Industrialisation, du Commerce et de la Consommation et Messieurs les membres représentant le Conseil d’Administration du CNV nous ont fait part des dernières décisions concernant la filière de la vanille de Madagascar. La rencontre a réuni une quarantaine des plus représentatifs importateurs et transformateurs mondiaux de vanille de Madagascar.
En résumé :
Le prix de vente à l’exportation de vanille est fixé à 250 US $ (FOB) par kilogramme, toutes qualités confondues.
Un contrôle strict va être mis en place dès ce mois d’août concernant les entités habilitées à exporter. Ce contrôle porte sur plusieurs points dont le respect des prix de vente ainsi que le rapatriement des devises sous 90 jours du montant des ventes. Les entités exportatrices qui ne respecteront pas cette règle perdront leur capacité d’exporter la vanille de Madagascar et feront l’objet de poursuites financières et pénales.
Le respect de cette règle permettra une concurrence plus saine entre les importateurs à travers le monde car le prix minimum garanti de 250 US $ permettra à tous les importateurs et transformateurs de se concurrencer sur une base plus équitable.
Ce prix minimum permettra également à la filière de la vanille de Madagascar de mieux rémunérer les producteurs lors de l’achat des gousses vertes et de respecter le prix d’achat de 75 000 ariarys par kilo (environ 17,85 $). Pour rappel la vanille permet de faire vivre entre 80 000 et 120 000 personnes à Madagascar. En ajoutant les membres des familles des producteurs (x4) et les autres personnes de la filière, on peut estimer que la vanille procure des revenus à près d’un demi-million de citoyens malgaches. Selon la variation annuelle de la production, cela représente entre 300 et 500 M$ (base 250 $/kg) donc le double une fois tous les 10 ans lors des cyclones dévastateurs.
Autres sujets évoqués :
L’amélioration de la qualité et de la traçabilité font parties des actions à mener par le CNV. Une taxe par kilo de vanille est mise en place pour le financement du CNV et de ses actions à venir.
Le prix à l’exportation sera peut-être modifié par type de qualités de gousses et est en cours de réflexion pour la prochaine campagne de production.
La production de vanille pour la campagne 2022 a été annoncée entre 1 600 et 1 800 tonnes. Il semblerait toutefois selon des sources locales que la production plafonne entre 1 200 et 1 400 tonnes à cause de la deuxième année du phénomène « La Nina » en 2021 ce qui a entrainé 30% de floraison en moins. La faiblesse des plants de vanillier ne devrait pas permettre à mon avis une floraison normale en fin d’année d’où une prévision pour 2023 de moins de 1 500 tonnes.
En conclusion :
Il est rassurant que les autorités malgaches aient pris conscience qu’il fallait mettre de l’ordre dans la filière vanille en intervenant par la mise en place du CNV pour encadrer, aider et former tous les acteurs, des producteurs aux exportateurs. Le contrôle financier et le rapatriement des devises permettront quant à eux une meilleure stabilité des prix de vente et une meilleure répartition des richesses, surtout, je l’espère, pour les petits producteurs de l’île.
Achat de vanille de la récolte 2022. Peu d’acheteurs internationaux se sont pré-positionnés pour l’instant sur les lots qui seront disponibles à partir d’octobre prochain. Il me semble judicieux de prévoir des achats importants de vanille de Madagascar avant la fin de l’année car les stocks disponibles pour les deux années à venir seront limités et le taux de change euro / dollar risque d’être encore plus défavorable pour l’euro dans les mois à venir, donc pour les sociétés européennes.
Deuxième point : Rappels de produits Häagen-Dazs
Depuis le 29 juillet dernier, plusieurs lots de glaces Häagen-Dazs ont été rappelé pour une présence possible d’un contaminant chimique en quantité supérieure au minimum admissible, le 2 Chloro Ethanol dans le constituant vanille (extrait / arôme) utilisé pour aromatiser les glaces. La marque avait déjà l’objet de présence de traces d’un pesticide interdit en Europe, l’Oxyde d’éthylène (ETO) début juillet.
Des soupçons font état de lots de vanille de Madagascar à l’origine de cette situation ce qui n’est pas confirmé à l’heure actuelle.
Il nous parait nécessaire d’éclairer et d’informer les consommateurs sur les faits suivants :
L’ETO est interdit en Europe, donc en France.
L’ETO est interdit à Madagascar.
L’ETO est autorisé aux USA.
Il semblerait que des traitements aient été effectué aux USA chez les fournisseurs d’arômes de vanille avec de l’ETO puisque l’utilisation est possible aux USA. Il conviendrait alors à General Mills propriétaire de la marque Häagen-Dazs de vérifier si les glaces ont été fabriqué dans ses usines européennes avec des lots ayant subi ce traitement interdit en Europe. S’il se confirme que General Mills et Häagen-Dazs s’approvisionnaient par le passé exclusivement auprès de deux fabricants américains (sous réserve et au conditionnel : Virgina Dare et Nielsen Massey), il conviendrait que ces deux sociétés participent alors aux recherches et analyses pour lever les suspicions sur les produits Häagen-Dazs fabriqués et commercialisés en Europe.
Depuis un mois, les différents producteurs d’extraits de vanille européens ont fait réaliser des centaines d’analyses pour rechercher des traces d’ETO et de 2 Chloro Ethanol dans leurs lots de vanille et les résultats sont négatifs.
Comment faire pour éviter ces traitements dangereux sur les gousses de vanille ?
Avant 1988, les gousses de vanille importées en France devaient avoir un taux minimum de vanilline de 1,8% (les gousses exportées aux USA devaient avoir au moins 1,5% pour la qualité extraction « rouge US »). Ce taux a été porté à 1,6% en 1988. En 2018, le taux de vanilline, quel qu’il soit n’est plus obligatoire ! de nombreux lots avec 0,4 à 0,8% de vanilline ont alors été écoulé à travers le monde… La vanilline a une propriété antiseptique et antifongique quand son taux est élevé ce qui diminue très fortement le développement de moisissures sur les gousses et la nécessité des traitements antifongiques actuels.
L’amélioration de la qualité, dès la production est nécessaire pour remédier à ces différents problèmes et c’est possible car nos grands parents le faisaient avant les années 1980 ! Revenir au savoir faire ancien n’est pas toujours « ringard » et serait profitable à toute la filière vanille mondiale.